EDITO

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J'ai traversé ces années en dandy bohême, tout en gardant une certaine distance. J'ai eu la chance de connaître plusieurs milieux fort différents les uns des autres, car je m'impliquais rarement à fond dans les mouvements, ce qui m'empêchait d'en être prisonnier et je gardais ma liberté et mon indépendance. Tout allait très vite à l'époque : les mouvements, les « trips » se succédaient sans cesse, sans pour autant chasser les précédents, ce qui donnait lieu à cette juxtaposition extraordinaire.

Nous avons été une génération de défricheurs, nous nous sommes retrouvés devant des situations inédites dans l'histoire de l'humanité, comme de vivre sans guerre et dans une relative prospérité, malgré la crise naissante. Nous avons été les premiers à vivre ça, nous avons eu de la chance, même si nous avons aussi connu les épreuves de l'héroïne et du sida qui ont été en quelque sorte « nos guerres ». Nous ne pouvions pas imaginer que les choses puissent revenir en arrière, comme cela a été le cas dans les années 80, celles du « backlash », mais tout cela n'est au fond que le mouvement d'un perpétuel balancier.