LES MEMOIRES D'UNE BABA

Souvenirs enthousiastes nostalgiques, mots et noms qui me font vibrer...
Je ne sais même pas par où commencer ni même si je vais commencer...14 ans en 68, j'étais assez bien placée pour vivre le truc, habitant dans une cité hlm d'une porte de Paris, je voyais les vieux ouvriers en grève et les jeunes bandes partir aux manifs les soirs de Mai...mais bon si je commence à ce rythme j'en ai pour la nuit...
Mon lycée, Balzac, et l'apparition des differents mouvements, la LCR, avec à sa tête Michel Field qui se faisait l'un des meneurs des grèves, la GP, les maos, les fumeurs branchés de paquets à chameaux, les discussions partout en cours, sur l'herbe et dans les troquets... les musicos et bientot les voyageurs. Après le bac, 72 -74, c'est l'époque Parisienne où on se retrouve à 10, 15 dans des petites piaules de 6ème à expérimenter tout ce qu est possible, avec Gisèle, Ary, Philippe, Bob, Ariane..., ou dans de grandes baraques où des familles se sont lancées dans la vie en communauté avant de devenir hippies des champs (ils sont encore maintenant dans leurs montagnes des Corbières), et chacun y va de son rêve de vie, de sa grande utopie, on va changer la vie, on va changer le monde. Il y a les copains de Neuilly sur Seine qui formeront le groupe Diesel, ceux du Perreux dont certains flirtent un peu trop soit avec la folie soit avec Action Directe, ceux du 9ème... Je vais voir les hippies des communautés aux Etats Unis, la rencontre la plus marquante étant celle d'une communauté dans l'Oregon dans la montagne qui ont fait de leurs mains leur maison, etc, on va voir les paysans Marocains de Kétama, les communautés de Portobello à Londres, les Allemands...époque de Gong, des premiers Actuel où on lit les annonces de voyages avec avidité, ces premiers Actuel que j'ai chéris et d'ailleurs quelques années plus tard je passais dans un squatt qui était un ex local à eux impasse Lebouis dans le quatorzieme (, et encore beaucoup plus tard, je rencontrai Van Eersel, Léon..) et un jour de Juillet, à la Porte d'Orléans, alors que ne sais pas où je vais si ce n'est vers le Sud (en stop, la Pte d'Orléans c'est le point de départ, on est souvent nombreux là) je rencontre un Américain, Christian qui part en Afghanistan, une voiture s'arrête, le conducteur à belle allure chevelue ..connait  l'Afghanistan... Quelques heures plus tard, c'est décidé, j'y vais ! et peut-être 8 jours plus tard, j'y suis, en stop jusqu'à Istanbul et de là avec le "magic bus" sur les routes défoncées de la Turquie et de l'Iran avec des chauffeurs Afghans tout aussi défoncés qui ne dorment jamais, et un car rempli de gens tout "en couleurs, les filles grandes robes Indiennes et bijoux et paillettes ", encore plus défoncés. On arrive à la frontière Afghane, c'est la fête anniversaire de la révolution, la nuit, des hommes à turbans qui fument partout, plus ou moins avec des uniformes ou non, et sous une grande tente, musique et danse et à un moment tous ces Afghans en train de taper dans leurs mains en criant "iak chacha" pour que je monte sur la piste danser...je suis trop défoncée je ne peux mème plus me lever, j'ai 20 ans.. et c'est le début de 3 ans dans les parages, l'Inde, le Népal, Ceylan...dans une ferme Afghane où j'ai bien failli me marier, sur les plages de Goa à tripper (good ou bad trips d'ailleurs il faut bien dire), la mousson dans une maison de Swayambunatt à côté de Katmandou et avant d'arriver dans une ville d'Inde au bord du Gange ou les Beatles étaient passés quelque temps avant...en quelques lignes....à fond, à fond...transformée, abimée aussi un peu mais avec un but : trouver l'amour dans le coeur et le vivre intensément jusquà trouver la lumière intérieure..qui existe, je l'ai déja vue...et je continue à chercher...Que ça a été à la fois dur et beau !

Mais dur, parce qu'en fait de changer la vie et changer le monde....après ce voyage, j'ai encore pu me ballader de droite à gauche en passant chez les hippies des champs, ceux des villes, tout en faisant petits boulots souvent agricoles...6 ou 7 ans, Est arrivé 1983 et je me suis sentie seule, communautés en rupture, gens sur les routes qui tournaient aux vagabonds voleurs et violents et alcoolo, et moi un peu paumée ... "sexe, drugs and roc.." ça m'a quand même un peu fatiguée!!! " et soudainement seule, très seule. Alors dans un moment de flip, comme un défi comme pour me punir finalement de n'avoir pas vraiment réalisé quelque chose pendant ces années là,... je suis allée travailler dans un hopital et j'y suis encore, pas mal repliée sur moi même, ...et ça a été pas mal dur, pour tout le monde, mon bel idéal, il est au quotidien au fond de moi dans une certaine philosophie, mais si si loin de ce que je l'avais rêvé... beaucoup d'amis sont partis déja, suicides, maladie... le dernier en date étant mon plus cher ami ancien de l'Inde, il y avait vécu lui 7 ans et des choses beaucoup plus extraordinaires que moi dans une rencontre réussie avec un sage... il est parti en laissant une oeuvre magnifique, son site: chryzode.org

A New York