LES BABAS

Tout a commencé dans les années 60 au Golf Drouot, ou à la Locomotive (au même endroit que la Machine actuelle), et avec des gens comme Jean-Claude Berthon le fondateur de Disco-Revue, le seul magazine qui parlait vraiment de rock. C'était vers 1965, l'époque des Beatniks, qui se retrouvaient au square du Vert Galant, sur l'ile de la Cité ou chez Popov, le bar légendaire de la rue de la Huchette où certains pouvaient même passer la nuit, au son des premiers Dylan, avec dans la poche 'On the Road' de Jack Kerouac. On pourrait aussi remonter aux années 50 et au mouvement 'Beat', dans les hôtels du Quartier Latin comme le Beat Hotel de la rue Gît-le- Coeur, où séjournèrent Allen Ginsberg, Jack Kerouac, William Burroughs, Brion Gysin, mais ceci est une autre histoire...

En 1967, année décisive, ce fut l'éclosion du Flower Power et du Rock Psychédélique aux USA et en Angleterre, avec le Grateful Dead, Jefferson Airplane, les Doors, Hendrix ou bien le premier Pink Floyd. En France, ce furent les débuts de Rock & Folk, avec Philippe Paringaux, Philippe Koechlin, Alain Dister, Yves Adrien et Paul Alessandrini. Il faut aussi citer le rôle de précurseur du Pop Club de José Artur sur France Inter, avec Pierre Lattès, puis Patrice Blanc-Francart. Cette année là, j'avais 17 ans, j'étais un minet du 16ème, je fréquentais les boums et les Drugstores des Champs Elysées (particulièrement le New Store, à côté de la rue Pierre Charron). 

Mais en même temps, nous vivions à l'heure du Swinging London, des Stones, de Blow Up. D'ailleurs, les minets parisiens étaient un peu l'équivalent des mods anglais. J'étais donc au courant qu'il se passait quelque chose en dehors des boums du 16 ème ! De temps en temps, j'allais au Quartier Latin en mobylette, où je croisais les beatniks du Vert Galant.

Puis il y eut 68, sur lequel il y aurait beaucoup à dire. En Mai 68, j'ai été plus spectateur qu'acteur. D'un côté c'était un moment d'effervescence formidable, irréel, avec un immense élan de liberté, où tout le monde se parlait, où on se déplaçait en stop dans Paris,.. De l'autre, je ne croyais pas du tout aux idéologies maoïstes, trotskistes, etc,.. qui inspiraient beaucoup des étudiants qui manifestaient. Alors qu'on avait tant besoin de liberté, pourquoi prendre comme modèles des régimes totalitaires comme la Chine ou Cuba ? Je n'ai jamais vraiment compris cet aveuglement. C'est pourquoi je n'ai pas eu envie de prendre des coups pour des idées qui n'étaient pas les miennes. Le bordel, la fête oui, mais sans l'idéologie et le dogmatisme ! Alors, dans la journée j'étais au Quartier Latin, à la Sorbonne ou à l'Odéon occupés avec mon amie Catherine Néréssis, où on avait droit à des successions de discours interminables par des gens qui se prenaient pour Lénine et qui se croyaient obligés de recadrer le sujet toutes les cinq minutes en disant qu'"on ne parlait pas assez des ouvriers", lesquels se foutaient pas mal d'eux car ils ne "voulaient pas participer aux jeux de leurs futurs patrons" ! Il nous arrivait aussi de vendre les numéros spéciaux de "Paris-Match" sur les "évènements" à la criée, les gens se les arrachaient, étant donné que les kiosques à journaux étaient en grève. Puis le soir, quand ça cognait, je rentrais bien sagement à la maison...

Un reportage audio sur Mai 68 réalisé en 2006 par Marie Kergoët, étudiante en journalisme, avec Bernard Bacos, Jean-Pierre Le Goff, Martine Storti


De même que l'avant 68 fut déterminant, les années qui ont suivi furent une période où les choses ont beaucoup bougé en France : libération des moeurs, décrispation de la société, les premiers festivals, les communautés, etc... On peut en avoir une idée dans certains films comme 'l'Eau Froide' d'Olivier Assayas ou 'J'entends plus la guitare' de Philippe Garrel.

Le mouvement hippie en France avait plusieurs visages : pour schématiser il y avait les hippies des villes et les hippies des champs. Les seconds sont allés jusqu'au bout de leurs idées, c'est à dire qu'ils ont quitté la ville pour aller vivre à la campagne, souvent en communauté, élevant des chèvres et faisant de l'artisanat ou du fromage, selon l'imagerie répandue, ce qui se révéla souvent comme un échec.

   Un article de Rod Glacial pour la revue Schnock sur les communautés des 70s
Gourgas, une communauté gauchiste

A Paris, il y avait des petits groupes de hippies, qui traînaient entre St Michel, le jardin du Luxembourg et la Contrescarpe, qui se défonçaient (cannabis, LSD), draguaient, et allaient dans les bars du quartier et les concerts Pop, quand il y en avait. Ils voyageaient aussi, en stop, pour voir d'autres hippies (en général il y avait une histoire de nana) : Amsterdam, bien sûr, l'Allemagne, l'Angleterre, où la culture hippie était plus présente qu'en France. Et pour beaucoup d'entre eux, l'Asie, "la route", en particulier l'Inde, Goa. Mais l'essentiel se passait dans les têtes : c'était surtout une quête de soi et une ouverture sur le monde.

En juin 71, il y eut l'affaire du festival gratuit d'Auvers sur Oise organisé par le couturier Jean Bouquin au cours duquel devait jouer le Grateful Dead, qui était le groupe le plus emblématique de la culture hippie. Après une série de rebondissements 'aura lieu ?, aura pas lieu?', il y eut en effet quelque chose qui ressembla à un mini-festival gratuit : cela arriva presque par suprise, ce qui fait que peu de monde était au courant, et le Dead donna un concert mémorable pour ceux qui y assistèrent, malgré la boue, c'est-à-dire quelques fidèles heureux d'être là et quelques paysans du cru venus voir 'les ipis'.

LE FESTIVAL D'AMOUGIES : par Léon COBRA - par Paul ALESSANDRINI

'LES HIPPIES SONT ETERNELS', une aventure en BD de Z Craignos

LA SAGA DU TRÉPONÈME BLEU PALE, une promenade dans le quartier de la Mouffe racontée par Léon COBRA.

Deux livres qui se passent au Quartier latin en 1967, des beatniks aux hippies : Alexandre MATHIS LSD 67 (Serge Safran) - Gaelle KERMEN Aquamarine 67 (Smashwords)

Jean AZAREL, Alain JÉGOU et Lucien SUEL PAPY BEAT GENERATION

LES MÉMOIRES D'UNE BABA

MA BANDE SON DES ANNEES BABAS


Moi, Guadeloupe, 1973
déjà les dreadlocks !

30 ANS D'AGITATION MUSICALE EN FRANCE

GONG fut un des groupes les plus représentatifs du rock Hippie : Daevid ALLEN - Didier MALHERBE - Gilli SMYTH - Tim BLAKE - Kevin AYERS - Carole et Laurence FREITAG -
Avant GONG, dans les années 68/69, après avoir quitté SOFT MACHINE, Daevid ALLEN jouait dans BANANA MOON, avec Marc BLANC et Patrick FONTAINE, qui formèrent par la suite AME SON, dont fit brièvement partie Jean-Louis AUBERT.

Ecoutez "Gong Poem" par Gong


Ecoutez "Seventh Time Key - I Just Want To Say" par Ame Son


Gong
Gong

Ame Son
AME SON

Des membres de Gong ont également collaboré avec Dashiell HEDAYAT alias MELMOTH (Jack Alain LEGER) pour l'album 'OBSOLETE'.

Ecoutez "Chrysler" par Dashiell Hedayat


CRIUM DELIRIUM, les 'Babas Speed': Thierry Magal: compo, magik guitare, voc, synthés - Lionel Magal " Fox " Le Renard: inventions et délires, drums, voc-planets - Daniel Léonard " Léon ": bass Patrice Quentin " Free Quentin ": sax wah wah, flûte - Alain Ehrlich " Loy ": claviers (> HADOUK, avec Didier Malherbe) - Victor Angel " Totor ": percu Erik Patrix: magik light show .
Ce sont eux qui ont accueilli à Paris la Hog Farm, cette communauté de freaks itinérante qui avait participé aux expériences de Ken Kesey et de Timothy Leary (lire Electric Kool Acid Test de Tom Wolfe). Puis ils sont partis ensemble dans leurs bus bariolés vers l'Inde.
C'est Crium Delirium qui est à l'origine de festivals gratuits REUSSIS et de la série de concerts au début des 70's de Gong et de Magma dans les MJC françaises comme celui mémorable qui eu lieu à la fac de Jussieu en 72,. Leur musique ressemble beaucoup aux impros spatiales menées par Gong, avec parfois un sens du délire un peu plus ... chaotique.




FOX (Lionel MAGAL) de CRIUM DELIRIUM à New York en 1978 (photo Catherine Faux)

  
La belle NICO dans le film de Philippe GARREL
La Cicatrice Intérieure, avec Pierre CLEMENTI

LES PIONNIERS DE L'UNDERGROUND PARISIEN 

  LA BANDE DE LA COUPOLE : Les CROUILLE-MARTEAU furent le premier groupe de rock de Jean-Pierre KALFON avec Simon BOISSEZON, Ian JELFS, ARMIK (guit.), Denis PETITMERMET (batt.) et Pierre CLEMENTI avec qui le groupe jammait de temps en temps chez un ami de la bande (Yves Beneyton), et qui, tel un John Cale, ponctuait la musique des "crouilles" d'étranges chorus de scie musicale...  Tout ce petit monde habita pendant un temps avec Valérie LAGRANGE  dans une "maison ouverte" près du Parc Monsouris où passa un nombre incalculable de gens dans un délire permanent

Jean-Jacques LEBEL, qui monta la pièce de Picasso Le désir attrapé par la queue en 67 à St Tropez avec les SOFT MACHINE - Jacques HIGELIN - Bulle OGIER - ZOUZOU LA TWISTEUSE - Tina AUMONT et FREDERIC PARDO, à Positano - NICO - Philippe GARREL - Margareth CLEMENTI -  Catherine FAUX - Fabienne SHINE - Didier LEON - François MARX - - MANOU et JEFF ZIMMERMANN - Joël BARBOUTH et DOMINIQUE - Michel FOURNIER - PIERRE et ODILE -

Le Groupe MANDALA, avec Jean-Claude BAILLY,.. qui a publié un dossier sur le LSD et s'est ensuite spécialisé dans les light-shows. Il y avait aussi un salon de thé du même nom rue Vavin, mais sans rapport avec le groupe


Les anciens combattants de l'Underground parisien
par Jean-Patrick Capdevielle dans "ACTUEL" n°17 fev 1972


Jean-Pierre KALFON et Bulle OGIER dans le film "La Vallée" de Barbet Schroeder

LES  GROUPES POP

LE FREE JAZZ les Black Panthers à Paris : Franck WRIGHT, Bobby FEW, Muhammad ALI, Noah HOWARD, Allan SILVA, Steve LACY, Sunny MURRAY, Don CHERRY, Oliver JOHNSON, Gilbert ARTMAN (qui fonda LARD FREE, puis URBAN SAX), Jac BERROCAL, Beb GUERIN. Ce n'étaient pas à proprement parler des Babas, mais ils jouaient souvent dans les concerts organisés ici et là, comme à l'AMERICAN CENTER du boulevard Raspail aujourd'hui disparu ou l'école d'Architecture juste en face.

La Presse Underground : Le POP (Max PETEAU, Gérard SOKA), Le PARAPLUIE, avec Henri-Jean ENU, Gilles YEPREMIAN, Le SALTIMBANQUE de Gilles FEVRIER où Alain PACADIS fit ses débuts, ZINC, et surtout le premier ACTUEL.

LIVRES :

l'Aventure Hippie de Jean-Pierre BOUYXOU et Pierre DELANNOY, splendide réédition (les éditions du Lézard).
Je veux regarder Dieu en face' de Michel Lancelot - Oh! hippie days, d'Alain Dister, consacré à ses carnets de route 66-69 aux States.
Martine RAVACHE Les années Cool (Panama) - Muriel CERF, qui a écrit le livre culte L'Antivoyage.

Le Catalogue des Ressources de Gérard Aimé, Philippe BONE et Patrice Aouste, le Manuel du Parfait Petit Alternatif, édité par la librairie Parallèles

LES LIEUX BABAS

L'OPEN ONE club mythique hippie-chic,  rue du Vieux Colombier,  de 69 à 71. Ambiance psychédélique et bonnes vibes assurées.

- Le ROCK'N ROLL CIRCUS, rue de Seine. A l'intérieur, il y avait une autre salle, le "Rimzim", tenue par Handa (icône du Bus Palladium et de chez Castel), un bar planant, avec thé à la menthe, ambiance indienne, tapis, coussins. C'est là que Jim Morrison passa sa dernière soirée.  En 1972, il ferma et devint le WHISKY A GOGO (aujourd'hui le WAGG). Les habitués se retrouvèrent à LA BULLE, autre boîte mythique, rue de la Montagne Sainte Geneviève.
RALPH : J'ETAIS UN PILIER DU R'N'R CIRCUS, DE L'OPEN ONE ET DE LA BULLE

- Les incroyables soirées Psychédéliques qui avaient lieu en 70/71 tout en haut de la Bourse du Commerce, rue de Viarmes, aux Halles, qui n'étaient alors pas détruites. On pouvait y voir des groupes comme les CROUILLE-MARTEAU, PLANETARIUM, ou les représentants du Free Jazz Parisien. C'est là que je pris mon premier acide.

- Le GIBUS, rue du Faubourg du Temple, véritable institution qui a traversé les époques, d'abord Baba, puis Punk, maintenant Techno

- Le quartier de Buci avec la librairie 'Actualités', rue Dauphine, une des premières librairies alternatives, tenue par Pierre Scias, avec son accent méridional, qui était le seul à s'y retrouver dans ce capharnaüm. Malheureusement, Pierre est décédé d'une crise cardiaque en 2006, et la librairie ferme en juin 2007. PLUS D'INFOS

- La librairie PARALLELES, rue des Halles, depuis 1973, qui est devenue le lieu de référence pour toute la culture Underground et militante.
Une Vie Parallèles,un documentaire de Xanaé Bové. Une plongée dans l’underground français à travers ses librairies et par extension, ce qui y circule. disponible en VOD
Autre librairie alternative "Un regard moderne", rue Gît-le-Coeur,

- Le Marché aux Puces de St Ouen

- Les tournages des émissions 'POP 2' au Bataclan, où pour 5 Fr on pouvait voir des groupes comme MC5, Genesis, Lou Reed, John Cale et Nico, Mahavishnu Orchestra, Stone the Crows etc... On ne se privait pas !

- Le salon de thé / boutique MANDALA, rue Vavin

- Le Crocodile, rue Royer-Collard


moi avec une amie


Claudie


Patrice BLANC-FRANCART - POP2

- ST MICHEL : la rue de la Huchette, avec son bar légendaire 'Chez POPOFF', le rendez-vous des premiers Beatniks et des Routards, où ils pouvaient même passer la nuit. Plus tard, il y eut le BISTRO 27.
La rue St Jacques : Le POLLY MAGOO, le CLOITRE, le WHO'S.
Au début des années 70, un vrai hippie ne mettait pas les pieds à St Michel. Pourquoi ? parce qu'il y avait d'incessantes descentes policières et qu'il avait toujours un bout de shit sur lui !
MOUNA AGUIGUI (André Dupont), vieil anarchiste à vélo et personnage incontournable de la rue parisienne qui nous a quittés en 1999

- Le Jardin du Luxembourg : Alain RENAUD, Clément BAILLY et Didier BATARD (Triptyque), Kaus BASQUIZ (Magma), PATRICK qu'on prenait pour un freak américain, JEAN-LOUIS, Alain BELLAICHE, Catherine HORNEZ, RENAUD (le chanteur), MARCO, HELENE, FRANCK, Bernard et François DELAROCHE, FRANCK, JAKE le busker écossais, Bernard B, Marc BLANC (Ame Son)

- La place de la Contrescarpe et la rue Mouffetard : les cafés La Chope, Les Arts, L'Irlandais, Les Cinq Billards, et le restau 'LE MINIBIS', tenu par un Vietnamien et son adorable fille dont j'ai oublié les noms. C'était le rendez-vous des routards de la Contre et il n'était pas rare de voir des kilos de shit sur les tables...
C'est aussi à la Contrescarpe que j'ai connu les écrivains Pascal BRUCKNER et Catherine (Judith) BROUSTE qui avait une chambre à l'hôtel de Carcassonne, rue Mouffetard, aujourd'hui disparu..
LA SAGA DU TRÉPONÈME BLEU PALE, une promenade dans le quartier de la Mouffe racontée par Léon COBRA.

- La fac de Censier, vers 71/72, qui ressemblait un peu à la Cour des Miracles.

- La Lucarne, rue de la Montagne Sainte- Geneviève, une des premières 'Head Shops' parisiennes.

LIENS BABAS :

Le site d'un hippie d'aujourd'hui : http://hippiesylvain.free.fr

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