TINA AUMONT


1è biographie sur l'actrice parue le 25 octobre 2019

Editions l'Autre Regard - 510 pages illustrées de documents et photos inédits

Ecrivain, auteur d'une douzaine d'ouvrages (récits, poésie), j'ai toujours été passionné par les destins des gens hors normes qui n'ont pas su éviter de se faire broyer par le « système » tout en vivant la "vraie" vie qui n'est pas seulement ailleurs. Particulièrement attiré par les sixties et les seventies, qui ont été mes années folles, j'ai voulu témoigner sur cette époque où tout semblait possible, en faisant le portrait d'une star au succès éphémère, brisée autant qu'adulée par le monde du septième art, mais surtout d'une femme libre extraordinairement humaine.
A sa sortie des couvents suisses, la jeune Tina Aumont tenta d'imiter ses parents en caressant un rêve de gloire mais le grand méchant loup l'attendait au bord du chemin sous les traits de substances maléfiques.
Grandeur et décadence !
Grandeur d'une vedette qui fit la une des couvertures des magazines à la mode, tourna avec les plus grands (Vadim, Fellini, Bolognini, Losey, Bertolucci.) et se retrouva à l'écran dans les bras d'Alain Delon, Klaus Kinski, Pierre Clémenti ou Donald Sutherland.
Décadence d'une femme, compagne de l'acteur Christian Marquand, puis du peintre Frédéric Pardo, icône possédée par le démon de la drogue, de Rome à Paris via Ibiza, Barahona et New York, au destin fatalement tragique.
"Waiting for Tina", saga issue de sept ans de recherches, interviews, photos et documents d'archives inédits, est aussi une histoire d'envoûtement personnel et une aventure humaine inoubliable.
Vous retrouverez au fil des pages les témoignages de celles et ceux qui l'ont connue et aimée sans pouvoir la sauver, comme les cinéastes Nadine Trintignant, Jacques Richard, Jérôme de Missolz ou Bernardo Bertolucci, les actrices et chanteuses Marie France, Valérie Lagrange, Fabienne Shine (Shakin' Street), Viva, la super star d'Andy Warhol, sa belle mère comédienne Marisa Pavan, les membres de la famille Aumont, et bien d'autres.
Merci à toutes celles et tous ceux qui m'ont permis de réaliser un ouvrage dont Alain Schlokoff, rédacteur en chef de "L'écran fantastique" a dit :
"Je n'ai jamais lu une telle biographie. Double originalité de l'ouvrage : le style de l'auteur, littéraire et poétique, qui fait qu'il se savoure tel un roman. Il se lit (d'une traite malgré ses 500 pages) comme un livre-enquête, au suspense constant... Le sous-titre s'avère parfaitement explicite : À la recherche de Tina Aumont. Au bout du «conte», c'est le lecteur qui décidera, se fera sa propre idée, imaginera l'existence de Tina. On ne peut qu'être impressionné par l'intégrité de l'auteur, par la passion mise au service de sa démarche. Il nous accompagne en tant que guide et ami, nous faisant vivre une rencontre magnifique. L'aspect sulfureux est gommé par le portrait attachant qu'il fait de l'actrice et par sa conclusion, que nous vous laissons découvrir."

Jean AZAREL

https://www.facebook.com/waitingfortina/

Tina Aumont & Frédéric Pardo

Le 28 octobre 2006, Tina Aumont est allée rejoindre son ancien compagnon, Frédéric Pardo, disparu quelques mois avant elle.


Frédéric PARDO  © jean mascolo



  Tina AUMONT © jean mascolo



Tina Aumont, nuit sans étoile

 

La comédienne égérie du cinéma underground s'est éteinte samedi à 60 ans.

Par Philippe AZOURY

QUOTIDIEN : lundi 30 octobre 2006

 

Tina Aumont, la femme chat, est morte dans son sommeil samedi à l'aube, à Port-Vendres, des suites d'une insuffisance respiratoire. Née un 14 février 1946, à Hollywood, Marie-Christine est la fille de l'extraordinaire Maria Montez et de Jean-Pierre Aumont. Sur son berceau, un poème de Cocteau fait part de la naissance de «la Fille aux étoiles». 

Khôl noir. A 17 ans, ex-pensionnaire des couvents suisses, elle fait la couverture de Paris Match. On y annonce ses noces avec Christian Marquand (rencontré à Mégève avec la clique à Vadim) et ses débuts au cinéma avec Joseph Losey, dans Modesty Blaise.  «A Londres, j'étais venue saluer Losey de la part de Robert Aldrich. Il m'a demandé si je savais faire de la moto. Je me suis retrouvée sur le tournage. Je ne savais pas conduire une moto, je suis rentrée droit dans un mur.» Parabole presque trop belle pour qui voudrait décrire une vie électrique, lancée à bride abattue dans toutes les accélérations, dans tous les dangers, sans se soucier des obstacles éventuels.

 

Un mètre soixante-seize, des yeux incroyables ourlés au khôl noir, un corps tombé tout droit de la mythologie ( «une des plus belles femmes au monde», de l'avis expert du cinéaste Tinto Brass), Tina, redevenue Aumont après divorce, incendiera Cinecittà. En mai 1968, dans Partner de Bernardo Bertolucci, elle récite du Roland Barthes, les paupières maquillées en hommage à Orphée. Elle a pour partenaire Pierre Clémenti, dont elle est le pendant féminin. Comme lui, elle fréquente Viva, Nico et Philippe Garrel, le peintre psychédélique Frédéric Pardo, Marianne Faithfull, Anita Pallenberg, les Stones, Terence Stamp, Marlon Brando.

Elle est une sensuelle Carmen spaghetti dans l'Homme, l'Orgueil, la Vengeance, western inspiré de Mérimée, avec Franco Nero et Klaus Kinski. C'est le déclic : «Je ne suis pas envahissante, mais je suis une présence qu'on ne peut pas ignorer.» Tinto Brass (Urlo, Salon Kitty), Mauro Bolognini (Metello, la Grande Bourgeoise), Francesco Rosi (Cadavres exquis), Vincente Minnelli (Nina) réclament cette Raquel Welch underground et libre.

Sexy. Elle prolonge son rôle dans le Casanova de Comencini en devenant la femme aimée du Casanova de Fellini. Rossellini la voit en Marie-Madeleine de son Messie. Elle fait quelques films sexy, bien dans le style italien Ciné Revue  (la Princesse nue, Divine Créature) mais, déjà prise, rate Suspiria, que lui proposait Dario Argento. En France, Tina Aumont réserve ses «apparitions» au cinéma poétique de Philippe Garrel (les Hautes Solitudes, aux côtés de Jean Seberg et de Nico).

«Héro». En 1976, durant un séjour en Malaisie, elle apprend qu'elle a été balancée en Italie pour usage et détention de stupéfiants. Cette Italie qui a déjà enfermé Clémenti ne lui fera pas de cadeaux. «L'héro, c'était de la provocation et beaucoup d'inconscience.» Elle revient en France, où elle rentre en collision avec la bande du Palace : Paquita Paquin, Edwige, Octavio, Yves Adrien et surtout Alain Pacadis. Ses virées avec Paca (dont une, épique, à Saint-Tropez) écriront les riches heures de la chronique Night Clubbing de Libé. 

Elle brûle une condamnation par contumace, qui ne concerne que l'Italie, en une longue décennie de fêtes parisiennes. Sa voix de cendre, son allure originale, sa fatigue dandy, ses excès, font peur au cinéma français des années 80-90 : elle devient rare. Elle était à fleur de peau, généreuse et détachée : «Dès que j'ai carte blanche, resurgit mon style froid, un peu lointain. Ailleurs.» Où ça, Tina ?


Tina Aumont et Alain Pacadis au Palace (1980)
© Getty - Photo by Bertrand Rindoff Petroff/Getty Images


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