LES GAZOLINES


Les Gazolines étaient un mouvement informel, qui évoluait en marge du FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire) dans les années 72-74, composé d'êtres androgynes comme Marie France, Hélène, Maud, Orla,... Elles ajoutaient une touche de glamour et de fantaisie aux mouvements gauchistes tristounets qui se prenaient très au sérieux. Elles faisaient un peu de provocation dans les manifs, ce qui entraînait parfois des incompréhensions de la part des militants purs et durs. Une de leurs revendications était : "Maintenant, c'est champagne, coke et falbalas !".

MARIE FRANCE était l'égérie des Gazolines. On pouvait la rencontrer dès 1970 dans la rue de Buci, portant des robes rétro en pleine période hippie. Elle passait ses nuits à l'Open One. Elle devint célèbre dans ses numéros de Marilyn Monroe à l'Alcazar, rue Mazarine, où elle devient amie avec Alain KAN. Elle joua le rôle de Marilyn dans une pièce de théâtre à l'Olympic de Frédéric Mitterand, intitulée Maggie Moon, avec Jean-Louis JORGE comme metteur en scène et dans le rôle d'Arthur Miller. On put aussi la voir dans les films d'Adolfo Arrieta comme Les intrigues de Sylvia Couski ainsi que dans Barocco d'André Téchiné.
En 77, elle joue avec Orla la pièce La Barre au Nashville, rue Caumartin, inspire à Bijou le titre "Marie-France" (elle rendra plus tard la politesse avec le morceau "Dynamite"), et enregistre son propre 45tr en octobre 77 à Bruxelles : "Daisy", "oiseau des îles rêvant devant l'Alcazar", et "Déréglée" : "Ta petite chérie ne veut pas ce soir parce qu'elle est réglée, alors tu viens me voir, tu sais que je ne suis qu'une déréglée...", premier de toute une série, souvent avec le groupe de rock Bijou. Elle se produit aussi au Petit Robert à Montmartre.
Les mémoires de Marie France : Elle était une fois


Marie-France, Eudeline, Pacadis, Dina et Marlène
photo : Belle Journée en Perspective


Maud MOLYNEUX
(photo Serge Kruger)


Hélène Hazéra et Maud Molyneux pendant le tournage de 
"Tam Tam" d'Adolfo "Alfino" Arrieta (photo Catherine Faux)

Quelques hommages à Maud Molyneux alias Marc Raynal, alias Louella Intérim sur le blog de Serge Toubiana
Un livre : Monsieur Maud" (Editions Rue Fromentin)

Une joyeuse bande devant la boutique "Pendora De Luxe", rue Pierre Lescot, dont l'égérie et co-fondatrice, Dominique Decoster est la 4ème en partant de la gauche : Marie-France (2è à g),  Johnny Trouble (en cuir et lunettes noires), Hélène (à dr.)
Mimosa : "1ère a gauche la fausse blonde platine fifties à coté de Marie France, c'est moi... A coté de MF c'est ma soeur Zaza Gabor sous le bras de Johnny Trouble lequel est à coté de sa copine de l'époque, à coté d'elle Serge un joli rocker de banlieue sud sur lequel flashait évidemment Hélène (HOO7)... Nous venions de faire une série de photos pour Philippe Morillon (voir les pages Palace) destinées à une série de pochettes de disques (vynils bien sûr) de réédition rockabilly.. Johnny Trouble ou Serge étaient là juste pour la figuration fifties, dans les Gazolines il y a avait Hélène, Maud Molyneux et Paquita Paquin, on militait au FHAR... C'est bien je n'ai aucune photo de ce temps là, ca me fait des souvenirs... Mimo (feels@free.fr)."

Grizelda, la Gazoline indic, par Hélène Hazera

LE ROCK DECADENT, VERSION FRANCAISE DU 'GLAM ROCK'

Le film 'Velvet Goldmine', de Todd Haynes, évoque la période 'Glam Rock' qui saisit Londres en 1972, autour de l'histoire de David Bowie et de Iggy Pop. A l'époque, j'étais souvent à Londres et j'ai donc assisté à ce mouvement.
Artistiquement, et plus particulièrement musicalement, certaines choses m'ont beaucoup plu : le Bowie de 'Hunky Dory', les premiers albums de Roxy Music,.. Mais pas Marc Bolan et T Rex qui me crispaient. Iggy ? il ne courait pas tout à fait dans la même catégorie, plutôt dans les précurseurs du Punk Rock. Mais tout le monde se réferrait à lui. A l'époque il était à L.A. complètement junkie et c'est Bowie qui l'a aidé à sortir du caniveau. Son 'Raw Power' est un des disques de rock les plus intenses que je connaisse.
J'avais une copine, Frédérique qui s'était complètement identifiée à Bowie, changeant de look aussi souvent que lui. Elle alla même jusqu'à se faire engager chez RCA, sa marque de disques et comme ça elle put le rencontrer ! Un groupe français, 'Blue Vamp', composé de bons musiciens par ailleurs, grimpa en marche dans le train du 'rock décadent', sur les conseils avisés des experts en marketing d'une maison de disques. Ils durent donc changer leur look baba, avec un peu de maquillage par ci et des paillettes par là. Ils sortirent un album et firent même la première partie des New York Dolls à l'Olympia, mais le résultat ne fut guère convaincant...

Maintenant en ce qui concerne tout le cirque qui allait avec, j'étais un peu mitigé. Il y avait déjà dans ce mouvement, quelques années avant les punks, un côté 'réaction contre les hippies', ce que j'étais à l'époque. Le petit grain de folie et de sophistication, le retour du 'glamour' des années 40-50 ne me déplaisait pas, ça changeait de l'uniforme 'cheveux longs/jeans patte d'eph rapiécé'. Mais l'irruption de l'homosexualité dans un univers qui était plutôt hétéro me branchait beaucoup moins, j'ai toujours préféré les femmes ! C'est pourquoi j'ai gardé certaines distances...

Le mouvement Glam Rock a été somme toute assez éphémère, mais il a laissé des traces, et a été suivi de près par le mouvement gay tendance moustachus / disco qui lui, a été beaucoup plus durable car très présent dans toute la deuxième partie des seventies..(cf les différentes incarnations de Bowie).


Dina et Marlène dans le bar fumoir du Théâtre Montparnasse
photo : Belle Journée en Perspective