Fabrice EMAER ouvrit d'abord le Pimm's, premier club gay de la rue Sainte Anne en 1964, puis le Sept en 68. Au départ, c'était un restaurant, puis une boîte au sous-sol. Le succès fut immédiat et dura pendant plus de 10 ans.
J'ai commencé à aller au Sept dans les années 74/76, après la fermeture de La Bulle, c'était là où on avait l'impression qu'il se passait quelque chose à Paris et où on entendait LA MEILLEURE MUSIQUE, grâce au DJ
Guy CUEVAS : la Soul, avant qu'elle ne devienne la Disco, de plus en plus commerciale : c'était le temps du 'Philadelphia Sound', avec les O'JAYS, Billy PAUL,
Teddy PENDERGRASS (qui était alors le chanteur de Harold MELVIN and the Blue Notes), Marvin GAYE.
J'y suis d'abord allé seul, en rentrant chez moi le soir car je n'habitais pas loin, puis avec des amis comme Fanfan et Fabrice. De nombreuses célébrités fréquentaient aussi le restaurant ou le club, comme David Bowie, Andy Warhol, Yves Mourousi, Alice Sapritch avec ses "Chéri, Chéri", Thierry le Luron, Kenzo alors en pleine ascension, Grace Jones qui était mannequin chez Elite,..
Bien qu'hétéro, je me sentais bien dans cet endroit, qui, à la différence d'autres clubs de la rue Sainte Anne, comme le BRONX, était mixte et n'était pas un ghetto. Tout le monde dansait toute la nuit. Et puis, quand une femme vous plaisait, il n' y avait pas trop de concurrence...
En 1977, c'est la vague disco et le succès des grandes boîtes comme le Studio 54 à New York ou la Main Bleue à Montreuil. Fabrice cherche alors un endroit plus grand. C'est Michel Guy, ministre de la culture du 1er gouvernement de Giscard et qui lança le festival d'automne qui lui donna l'idée d'acheter le Palace, théâtre du Faubourg Montmartre alors presque à l'abandon. Après d'importants travaux réalisés en un temps record, c'est l'ouverture le 1er mars 1978, avec un show de Grace Jones. Les serveurs sont habillés en rouge et or par Thierry Mugler. Fabrice voulait en faire un lieu ouvert à tous, différent de la rue Sainte Anne, tout en en gardant l'esprit : ce fut une réussite complète. En plus d'être la discothèque la plus courue du moment, élevée au rang de phénomène sociologique, ce fut aussi un endroit où furent données de nombreuses fêtes (Kenzo, Karl Lagerfeld), et aussi une salle de concerts, organisés par Paul Alessandrini puis par Rosebud avec Frédéric Serfati et Assaad Debs.
CLIQUEZ ICI pour savoir ce qui s'est passé pendant la 1ère année du Palace
Grace Jones, Guy Cuevas, Georges Tarditi, Privilège 1981
En juillet 79, ce fut l'ouverture du Palace de Cabourg. J'y allais avec Diane. Fabrice
avait vu les choses en grand : il avait réservé un train entier pour ses invités, ainsi qu'un car ! Une vision
inoubliable fut l'arrivée sur le quai de Roland Barthes, plus professoral que jamais avec son
cartable à la main et entouré d'une nuée de jeunes minets ! La nuit d'ouverture me laissa un
goût bizarre : j'ai eu l'impression d'être dans un rassemblement de zombies. Peut-être était-ce
la poudre blanche qui encombrait les narines d'une grande partie des invités ? Il paraît qu'au petit matin, un père de famille local est venu chercher sa progéniture sur la plage transformée en lieu de débauche ! Le lendemain, quelques happy few dont Diane, Babsy et moi, passèrent la journée au Club 13 de Claude Lelouch près de Deauville. Étaient également là, à part l'équipe du Palace, Helmut Berger, ivre mort, avec Clio Goldsmith, et dans l'après-midi Serge G. et Jane B. Le Palace de Cabourg ne connut pas le succès attendu.
'LA COLONIE DISCO' une BD de Z Craignos sur l'ouverture du Palace de Cabourg par Jean ROUZAUD
Dîner au Privilège, 1980 : Edwige, Ursula Rodel, Frédérique Lorca, Lisa Rosen, Vincent Daré
(extrait du blog d'Edwige)
En 1980, Fabrice ouvrit le Privilège, sous le Palace, plus élitiste.
La première partie de l'histoire s'est terminée le 14 juin 1983 avec le décès de Fabrice Emaer.
JP Kalfon et Guy Cuevas en 79 (photo : Michel Saloff)
AUTRES LIEUX :
La rue Sainte Anne : le COLONY, le PIMM'S, le BRONX...
La MAIN BLEUE, à l'origine une boîte d'immigrés africains à Montreuil et qui est devenue en 77/78 le rendez-vous du Tout Paris noctambule : spectacle surréaliste de toutes ces Rolls garées en pleine zone.
Karl Lagerfeld y organisa une soirée Moratoire noir qui fit scandale à cause d'un spectacle de fist fucking. Serge Kruger y fut DJ, avec l'aide de Djemila.
Les BAINS DOUCHES, rue du Bourg l'Abbé. A connu plusieurs ouvertures et réouvertures, à
partir de 1978 : ce fut pendant les deux/trois premières années un endroit glacial (on était alors en pleine cold wave) mais où il fallait être vu : il y avait là souvent
COLUCHE (qui était un des propriétaires), Claude CHALLE, Philippe STARCK, Serge KRUGER et sa bande, Philippe KROOTCHEY, qui était DJ - Il y avait aussi des concerts : j'y ai vu Suicide et Clint Eastwood le chanteur de reggae. Je me souviens que ce soir là, certains étaient venus en croyant voir le VRAI Clint Eastwood ! C'est devenu ensuite LA boîte des années 80.
LINDO VEGAS, des Go-Go Pigalle, a pris des centaines de photos aux Bains-Douches quand il y travaillait dans les années 80. Vous pouvez en voir un grand nombre sur sa page
Le BROADWAY MELODY, rue de la Ferronerie, qui était au départ vers 1973 un bar rétro dans une cave tenu par un couple gay, et qui est devenu par la suite le BROAD, plus hard.
L'AVENTURE, avenue Victor Hugo, la boîte très Jet Set de la chanteuse DANI
L'APOCALYPSE, rue de Ponthieu, qui méritait bien son nom L'ELYSEE-MATIGNON, très fréquenté par le showbiz, Gainsbourg
et Roman Polanski y traînaient tous les soirs -
L'équipe : Fabrice EMAER
- Claude ARENSAN - Guy CUEVAS, DJ - Sylvie GRUMBACH, l'attachée de presse - Gilles ROIGNANT - Gérard GAROUSTE, décorateur du Palace - Dominique SEGALL - Elie SCHULMAN - A l'entrée : PAQUITA PAQUIN - EDWIGE et Jean-Louis JORGE, qui fut aussi son mari - Jenny BEL AIR - MARILYN - François BAUDOT -
Eté 77 :Torpeur et punkitude. Au cœur de la métropole, prisonniers de l'asphalte qui fond, 8000000 New Yorkais se voient invités au Grand Trianon.
...Aujourd'hui comme hier dans l'air bruissant de mille choses étaient réunis ici , Maria Niarchos et Ghislaine de Polignac; Gilles Dufour et Jean-C. Pigozzi; Jacqueline de Ribes et Michel de Grèce; Thierry Beherman, Jean-Charles et Jackie de Ravenel; Diane de Beauvau-Craon et Florence Grinda; Georgina Brandolini et Betty Catroux; Marie-Hélène et Guy de Rothschild; Christina Onassis et Andy Warhol; Mick Jagger et Sao Schlumberger; Stavros Niarchos et Inès de la Fressange; Karl Lagerfeld et François Wimille; Nicole Wisniak-Grumbach et Edmée de la Rochefoucauld qui tous passeraient, à n'en point douter, la plus délicieuse des soirées. (Yves Adrien)
Patrice CALMETTES, Paloma PICASSO et un ami. Patrice a fait venir à Paris le groupe de
danseurs travestis brésiliens 'Dzi Croquettes' qui ont été la coqueluche du
tout Paris en 1973-74. Parmi eux, Wagner, Ciro, ..
Martin FRANCK, qui fut une des premières victimes du sida à Paris