Pour moi, le quartier de Buci est un peu le centre du monde.
Il fut successivement existentaliste à l'époque du TABOU rue Dauphine, avec son égérie Juliette GRECO, puis beatnik, hippie (de 69 à 73), gay tendance moustachus à porte-clés (de 74 à 80).
Dans les années 60, il y avait deux clans à St Germain : ceux qui buvaient du whisky, et ceux qui prenaient du hash et du LSD. Toute une scène bohème habitait dans des hôtels beatnik / junkie, comme la Louisiane, rue de Seine, l'équivalent du Chelsea Hôtel à Paris, qui avait été fréquenté dans les 50s par les Jazzmen, le Beat hotel rue Git le Cœur (A. Ginsberg, W. Burroughs), l'Idéal rue de Verneuil ou l'Excelsior rue Cujas.
Les gens : La petite PASCALE avec sa frange brune et son look rock'n'roll - ANNE la jolie blonde de Marseille - MARIE-FRANCE - JACKIE, qui habitait rue Dauphine et qui faisait un show à l'Alcazar, rue Mazarine |
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JACQUELINE : " Moi Paris, ça commence en 66 : Dopping, Bouquet, Speakeasy, Cherry Lane, la rue du Cherche Midi, Le Fiacre ("le bureau") avec Louis, Castel, la Télé, le Flore, la Coupole la gare d'Orsay. Paris c'est entre la rue des Saint Pères et Saint Michel (Saint Jacques ?) et puis la Seine et le Bd Montparnasse. Les cafés : Le DAUPHIN (aujourd'hui Le CAFE JADE), l'ATLAS, le BUCI, le CONTI, le BAR DU MARCHE, le CHAI DE L'ABBAYE, la PALETTE (la Maison Pidoux, avec Jean-François), LE MAZET, Le MANDARIN, Le MABILLON, la PERGOLA ,
le OLD NAVY, boulevard St Germain, qui craignait un peu, mais qui était le seul tabac ouvert pratiquement toute la nuit
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Le DRUGSTORE ST GERMAIN, bien pratique pour faire ses courses à 1h du matin, et haut lieu de la prostitution masculine dans les 70s. La librairie 'Actualités', rue Dauphine, tenue par Pierre Scias, décédé en 2006, et maintenant fermée Les restaus : La rue St Benoît, ORESTIAS, le Grec de la rue Grégoire de Tours, une institution. Les Chinois de la rue Monsieur le Prince (maintenant ce sont des Japonais). Le Petit Vatel, cantine pour fauchés rue des Quatre Vents. La brasserie FERNAND, rue Guisarde. |
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Le TABOU, le BALLADIN, rue Dauphine
Le MONTANA, le BILBOQUET, le BISTINGO rue St Benoît
CHEZ CASTEL, rue Princesse, en 67, le rendez-vous de l'avant-garde des
sixties, on pouvait y voir Jean-Jacques Schuhl, Jean-Pierre Kalfon, Bulle Ogier, Richard Bohringer, Amanda Lear, qui était alors mannequin chez Catherine Harlé, Nico, les Rolling Stones avec Anita Pallenberg, les Beatles, le peintre Frédéric Pardo, Marie-France, Zouzou la twisteuse, l'équipe du Living Theatre de Bob Wilson,... Voir Egéries Sixties de Fabrice GAIGNAULT (Fayard)
VALENTIN Ma nuit chez Castel: 50 entretiens culte (Kiwi) -
Castel, Locomotive et Bus Palladium par Patrick EUDELINE
Le CHERRY LANE, rue des Ciseaux, une des rares boîtes homo dans les 60s,
avec le "Nuage", le cubain Guy Cuevas tenait déjà les platines, quelques années avant le Sept, puis le Palace. Par la suite, ce ne fut plus une boîte gay, et j'y fus même brièvement DJ pendant l'été 1974, je passais "Rock your Baby" par Georges McRae ou KC and the Sunshine Band "Get down tonight", les premiers tubes disco.
Martine Simonet à propos de sa rencontre avec Benoît Jacquot au Drugstore des Champs : "On était les deux du 17ème. Moi je débarquais de province et quand le samedi tout le monde se déplacait au Cherry Lane, je croyais qu'on allait Chez Rilène et je me disais Elle est incroyable cette fille qui invite tout le monde !!!"
Le célèbre ROCK'N'ROLL CIRCUS, rue de Seine, de 1969 à 1972, très fréquenté par les musiciens. Il était tenu par Sam Bernett, qui avait ouvert en 1967 "La Tour de Nesles" avec le président Rosko. Il y avait de la place pour 500 personnes et l'endroit communiquait avec l'Alcazar de Jean-Marie Rivière, où Marie France faisait des shows. Brigitte, Fafa et Chonchon s'occupaient de l'accueil et des vestiaires, Cameron Watson, un américain déserteur du Vietnam était le DJ. A l'intérieur, il y avait une autre salle, tenue d'abord par le
Baron de Lima, et qui s'appela ensuite le "Rim Zim", avec Handa (icône du Bus Palladium et de chez Castel), un bar planant, avec thé à la menthe, ambiance indienne, tapis, coussins.
Parmi les habitués : Martin Circus qui y a enregistré son premier album live, la troupe de "Hair" avec Julien Clerc, Michel Polnareff, Dave, Johnny Hallyday, Richard Bohringer, Roman Polanski, Sergio Leone, Jean-François Bizot, Christophe Cauchoix, Robert Malaval,..
Il y eut des concerts légendaires comme celui de Gene Vincent, ou de Rory Gallagher. Une nuit de mai 1971, Gilles Yéprémian, qui était un habitué, rencontre Jim Morrison raide bourré au Circus. C'est là qu'il passera sa dernière soirée deux mois plus tard ...
En 1972, le club ferma et devint le WHISKY A GOGO (aujourd'hui le WAG, mêmes initiales, mais entrée rue Mazarine). Les habitués du Circus se retrouvèrent alors à LA BULLE, rue de la Montagne Sainte Geneviève, puis au MALIBU, rue Tiquetonne, avec le même Sam Bernett.
A lire, "The
End" et "Rock and Roll Circus" , par Sam Bernett, qui tenait l'endroit, et où il
parle bien sûr de Jim Morrison.
Golf Drouot, Gibus et Rock and Roll Circus par Patrick EUDELINE
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L'OPEN ONE, rue du Vieux Colombier, pour les hippies chic de 69 à 71. Bonnes vibes assurées, ambiance psychélique. L'expérience dura 2 ans, et l'Open ferma suite à des problèmes avec les stups et les banques. Parmi les habitués, Maria Schneider, Jean-Claude Dreyfus (la "Grande Eugène"), Nicoletta et bien d'autres. C'est devenu par la suite le 'DIG-IT'.
À côté, il y avait le KATMANDOU, le rendez-vous des lesbiennes branchées tenu par Elula PERRIN.
L'OPEN ONE, EXTRAITS DE MEMOIRE par Gérard Ménigou, qui y travaillait.
RALPH : J'ETAIS UN PILIER DU R'N'R CIRCUS, DE L'OPEN ONE ET DE LA BULLE
Liz, l'Autrichienne, et Pascale, deux figures du quartier
qui fréquentaient l'Open One et la Bulle
Les photos de Pascale - Les photos de Liz
Les disquaires : Raoul Vidal, rue de Rennes, où travaillait Hans, un grand beatnik hollandais
blond avec des cheveux et une barbe très fournis, très sympa, grand fan de Jazz et de Franck Zappa.
PAN, rue Jacob. Et tous les disquaires de St Michel, "Dream Store",
Gibert rue des Ecoles, les bouquinistes des quais,
Christophe ESPERADO :
J'habitais place Furstemberg, faisais semblant de faire des études de Droit à Assas et j'allais souvent passer mes après-midi à écouter les derniers imports des USA dans l'arrière boutique branchée d'un disquaire de la rue Jacob 'Pan'.
Le Magasin, spécialisé dans le classique Bourgeois, était la propriété d'un Monsieur Milletre. Il avait confié une remise située au fond de la cour à un dénommé Adrien Nataf qui en avait fait un des hauts lieux branchés de l'underground musical Parisien. Il nous y faisait découvrir les dernières création de groupes psychédéliques comme Vanilla Fudge, et, si on achetait peu, on restait des heures à découvrir des merveilles.
Mon appart de 110m² Place de Furstenberg était un véritable haut lieu de l'underground, avec des tonnes de gens que je
ne connaissais même pas, dormant ici ou là jour et nuit.
J'ai tout arrêté le jour où, allant chercher de l'herbe rue de Buci, un dealer me dit : "J'en ai pas, mais je connais un endroit où tu en
trouveras à coup sûr... suis-moi". Et il m'emmène...chez moi ! J'ai pris peur, foutu tout le monde à la porte, et je suis devenu adulte.
L'appart était pratique : il y avait un escalier de service qui nous permettait d'échapper aux groupies de We Free qui parfois campaient devant ma porte :-)
C'était fou, cette époque, il y a au moins dix ans où je suis incapable de retrouver comment je vivais, pas la moindre fiche de paye...
Deux livres qui se passent au Quartier latin en 1967, des beatniks aux hippies, entre la Contrescarpe et la rue de Buci : Alexandre MATHIS LSD 67 (Serge Safran) - Gaelle KERMEN Aquamarine 67 (Smashwords)
Pascale, Liz, Christian de Tarbes et son copain JcB au Dauphin, rue de Buci